Les familles du Vel d’hiv dans les camps de Pithiviers et Beaune-la-Rolande
Le soir du 17 juillet 1942, les camps de Pithiviers et Beaune-la-Rolande sont quasiment vides : les hommes, des Juifs étrangers internés à partir du 14 mai 1941, ont été déportés à Auschwitz par les convois 4, 5 et 6 (partis les 25 juin, 28 juin et 17 juillet de Pithiviers et Beaune-la-Rolande).
Du 19 au 22 juillet, les familles arrêtées lors de la rafle du Vel d’Hiv, surtout des mères et leurs enfants, sont transférées de la gare d’Austerlitz à Pithiviers et Beaune-la-Rolande dans des wagons à bestiaux. En quelques jours, 7 600 personnes, dont 4 000 enfants, s’entassent dans les baraques.
Alors que les nazis ne le demandent pas encore, les autorités françaises proposent qu’on déporte également les enfants. En attendant la réponse de Berlin, il est décidé de déporter les adultes, sans les enfants.
• L’arrivée au camp
Nous partons le dimanche matin (…) Dans la rue, des autobus stationnent, et on remonte dans l’autobus (…) sans savoir où il va, sans savoir où il nous amène (…) On traverse Paris, c’est dimanche matin, un dimanche d’été, assez vide (…) il est relativement tôt je pense, et les passants ne nous voient pas (…).On a l’impression d’être dans un autre monde, sur une autre planète, exclus et abandonnés de tout le monde. C’est un sentiment qui commence et ne fera que croître : on est abandonnés. On traverse Paris, on arrive à la gare d’Austerlitz, vers la gare de marchandises, puisqu’on monte dans les wagons à bestiaux et on n’a pas du tout de destination (…) On arrive à Pithiviers, on ouvre les wagons, et puis à pied, on se rend au camp. On entre dans le camp. Alors là, on n’avait jamais vu, nous, un camp. C’était un vrai camp, avec des barbelés, avec un portail qu’on ouvre, avec des miradors, avec des baraques.
Annette Krajcer, entretien réalisé par le Cercil en 2007.
On s’entasse dans le wagon, plein à craquer (…) Bourré, bourré, bourré. Et on attend. Nous sommes au mois de juillet et il fait chaud. Dans le wagon, il y a juste une petite lucarne dans un coin en haut. On essaie tous de s’en approcher pour avoir un petit peu d’air. Ça ne démarre pas. Ça a duré je ne sais pas combien de temps. C’était le matin. Beaune-la-Rolande est à peu près à 80km de Paris et on est arrivé le soir. J’ai le souvenir dans ce wagon d’étouffement, de chaleur, de compression. Le train finit par démarrer (…) Et puis au bout d’une heure, le train s’est arrêté. Quelqu’un a lu « Pithiviers ». J’entends dans le train « il y a un camp à Pithiviers ». On s’est arrêté longuement, mais personne n’a bougé. Le train est resté fermé. On a de plus en plus chaud (…) Je ne peux pas vous dire combien on était dans le wagon mais vraiment on ne pouvait pas en mettre un de plus. Finalement, le train a fini par repartir. Et nous sommes arrivés au camp de Beaune-la-Rolande.
Joseph Weissman, entretien réalisé en 1996 par USC Shoah Foundation Institute, University of Southern California.
Brutalement est arrivée une quantité terrible de femmes et d’enfants. Nous n’avions pas été prévenus. Et rien n’était prévu pour faire face à une telle population. Cela s’est très vite dégradé. J’étais tout seul, je n’avais rien. Je ne pouvais pas faire grand-chose. Ce n’est pas le docteur Gautier, le médecin du village qui avait le titre de médecin-chef du camp, qui examinait les enfants. Il passait simplement en coup de vent pour faire le point.
Henri Russak, externe des hôpitaux de Paris (arrêté le 14 mai 1941 et interné à Pithiviers, déporté par le convoi 36, rescapé), cité par Eric Conan dans Sans oublier les enfants.
• Lors de l’arrivée dans les camps de Pithiviers et de Beaune-la-Rolande, les familles sont enregistrées.
On nous fait entrer dans une très très grande baraque qui est la baraque où se passe le stade administratif d’entrée. Il y a des petites tables, quelqu’un – je ne me rappelle pas si c’est un gendarme ou un civil – prend note de votre identité, vous demande également si vous avez des biens, des bijoux, de l’or à déclarer, à remettre. C’est assez long parce qu’on reste debout, parce qu’on attend, on ne sait toujours pas ce que l’on va faire de nous. On se met en file devant plusieurs bureaux et on attend (…) c’est l’enregistrement. Se passe alors quelque chose qui commence déjà à nous traumatiser : on sépare les hommes des femmes et des enfants. Le père part avec l’adolescent, le fils aîné, la mère part avec la fille aînée et les petits, garçons et filles. Donc déjà, il y a la séparation et ça pose un problème pratique, parce qu’ils ont fait les bagages ensemble (…). Il y a un déballage, parce qu’il faut que le père reprenne ses affaires, que la mère reparte de l’autre côté (…) Il y a une espèce de chaos. Ensuite, on nous désigne la baraque (…) Nous étions dans la baraque 18.
Annette Krajcer, entretien réalisé par le Cercil en 2007.
• Les familles dans les baraques
Adélaïde Hautval, Médecine et crimes contre l’humanité, éditions du Félin, 2006 (extrait).
• On déporte d’abord les hommes
Il y a trois jours, nous étions 4 900, maintenant, nous sommes de nouveau 1 140 de moins (depuis le 30 juillet) (…) On a pris tous les hommes et les femmes qui étaient là sans enfant, des garçons âgés de 14-15 ans sont partis avec le père, d’autres sont restés, des mères ont été arrachées aux enfants et mises dans le convoi. Les gendarmes avec une douce brutalité. Les inspecteurs qui fouillaient les bagages avec un vandalisme indescriptible. Le camp est rempli de duvet. Tous les édredons et les oreillers des partants ou ceux laissés par eux ont été éventrés pour y rechercher de l’argent et des bijoux.
Lettre de Joseph Wertheim, interné au camp de Pithiviers à partir du 14 mai 1941 et déporté le 23 septembre 1942 (1er août 1942), citée par Eric Conan dans Sans oublier les enfants.
• La séparation des mères et des enfants
Au 3e départ maman est partie aussi. Avant de partir, on a fouillé ces personnes et maman a donné 20 f. qu’elle avait dans son porte-monnaie et elle m’avait laissé le reste d’argent qui était 3 110 f. donc maman est partie sans emmener un sou ; sa bague de brillants, elle l’avait cachée dans sa bouche, donc elle a pu l’emmener sans se faire chiper sa bague d’alliance, on la lui a laissé car ce jour-là jeudi 6 on ne prenait pas les bagues d’alliance. Maintenant cher père, je vais te dire aussi qu’elle avait sur elle du papier à lettres, on le lui a pris, c’est un signe qu’elle n’a pas le droit d’écrire. Albert, tout petit qu’il est, a pleuré quand on ne l’a pas laissé passer avec maman (…)
Lettre de Léo Schreiber, Pithiviers (11 août 1942).
Je t’ai écrit plusieurs fois que le 19/7/42 on nous a emmené à Pithiviers. Deux semaines après il y a eu un départ dans lequel on a pris notre cher papa. Deux jours après c’était au tour de notre mère bien aimée. Oh ! qu’elle a été courageuse maman ; elle s’est forcée à retenir ses larmes, mais malgré cela, elle avait l’air abattu, triste, elle m’a dit « mon cher fils, promets-moi que tu ne feras toute la journée que de t’occuper d’Annette, d’être son père, sa mère, son grand frère ; je suis sûre que je mourrai en route .
Lettre d’Albert Szymkowicz, Pithiviers (18 août 1942).
Tout le monde s’est rassemblé au milieu du camp. Les enfants s’accrochaient aux mères, les tiraient par leurs robes. A coups de crosses, de matraques, de jets d’eau glacée, on a voulu nous séparer. C’était une bousculade sauvage, des cris, des pleurs, des hurlements de douleur (…)
Puis soudain, un grand silence. D’un côté, des centaines d’enfants, de l’autre les mères et les plus grands. Au milieu, les gendarmes donnant des ordres brefs.
Michel et moi, nous tenant par la main, sans bouger, des larmes séchant sur nos visages, nous regardons maman, immobile, au premier rang du groupe qui nous fait face.
De loin, je vois son sourire, son regard tendre. Sa main ébauche un salut.
On emmena le groupe et nous sommes restés seuls.
Annette Muller, La petite fille du Vel d’Hiv (extrait).
(…)Maman est partie ce matin comme toutes les femmes, sauf les mères de famille nombreuse.
Mme Solarz est donc là, mais elle va partir ces jours-ci. Quant à nous, nous ne savons pas où nous allons. Soit à Paris, soit rejoindre nos parents.
Notre cousine Fanny est partie avec maman. Thérèse est avec nous. Ne te fais pas de mauvais sang.
Je termine parce que je n’ai pas le temps. Bons baisers. Dis à Marie-Thé que je lui écrirai.
Lettre de Rosette Goldfarb, Pithiviers (2 août 1942) (extraite de Je vous écris du Vel d’Hiv).
(…)Maman et Papa sont partis depuis huit jours, vous vous rendez compte de la séparation. Je ne sais même pas si je les reverrai (…)
Lettre de Rosette Schkolnik (sans date, vers le 6 août) (extraite de Je vous écris du Vel d’Hiv).
• Le désarroi des mères encore au camp, la désespérance des enfants
Il y a déjà 15 jours que nous avons quitté notre maison et auront cru que nous arrivera un si grand malheur. Nous sommes été au Vélodrome d’Hiver et maintenant on nous envoie en Pologne ou en Allemagne. On dit que les enfants seront placés chez leur famille française, alors j’ai donné l’adresse de ma belle-sœur Simone pour qu’elle la prenne malgré que nous deux Jacqueline et moi nous voulons pas nous séparer, car nous étions déjà trop attachées une à l’autre car on nous a déjà pris notre mari, notre bien et maintenant cela encore. Quelle vie brisée ! Nous sommes malheureux, encore pire que des chiens. Ta sœur est avec nous car maman et papa sont déjà partis hier. On nous déshabille et nous partant on n’a pas le droit d’amener rien du tout, pas un sou, pas de bijoux, pas des affaires… (…) Peut-être un jour viendra on retournera à la maison mais pour le moment c’est très triste et nous souffrons beaucoup… Je ne sais pas comment je survivrai à la séparation de mon enfant…
Lettre de Gusta Zemelman déportée le 3 août 1942 à l’âge de 42 ans et assassinée à Auschwitz.
Le 2 aout, en fin d’après-midi, nous sommes prévenues par appel que maman va s’en aller avec le convoi du lendemain. Se passe une longue nuit atroce, dont nous voudrions retenir chaque instant pour prolonger encore sa présence auprès de nous. Le lendemain, c’est la séparation, mais nous avons encore une journée d’attente, car les femmes et les adolescences qui doivent partirent sont rassemblées par les gendarmes dans une partie du camp séparée par des barbelés. Toute la journée ma sœur et moi sommes restées face à face avec maman, de part et d’autre des barbelés. Cela a été atroce. Puis on l’a entraînée. C’est l’arrachement, le départ, pour toujours.
Annette Krajcer citée par Eric Conan, Sans oublier les enfants.
(…) Maman appelée ce matin à 6 heures vient de partir maintenant on ne sait pas où. Le départ était douloureux et nous étions tous tristes mais il fallait partir. Nous n’avions même pas le droit pendant toute la journée de leur parler à travers les grillages.
Lettre de Serge, Sarah et Henriette Mleczak, 6 août 1942.
Tout le monde s’est rassemblé au milieu du camp. Les enfants s’accrochaient aux mères, les tiraient par leurs robes. A coups de crosses, de matraques, de jets d’eau glacée, on a voulu nous séparer. C’était une bousculade sauvage, des cris, des pleurs, des hurlements de douleur (…)
Puis soudain, un grand silence. D’un côté, des centaines d’enfants, de l’autre les mères et les plus grands. Au milieu, les gendarmes donnant des ordres brefs.
Michel et moi, nous tenant par la main, sans bouger, des larmes séchant sur nos visages, nous regardons maman, immobile, au premier rang du groupe qui nous fait face.
De loin, je vois son sourire, son regard tendre. Sa main ébauche un salut.
On emmena le groupe et nous sommes restés seuls.
Annette Muller, La petite fille du Vel d’Hiv (extrait).
• Les femmes dans les wagons
Le 5 août, du train.
Nous nous trouvons depuis hier soir dans un train qui roule vers un but inconnu – en Allemagne ou en Pologne. On nous a traités avec une brutalité que je croyais impossible d’hommes civilisés.
A 5 heures du matin, appel pour les hommes. Papa était parmi ceux qui devaient partir. On les a battus comme des chiens. Il nous a dit au revoir. Je croyais que je rejoindrais papa et que les deux petites resteraient ensemble. Mais coup de tonnerre. J’ai entendu mon nom et celui d’Adèle. Ma petite Suzanne si gâtée, devait rester seule !
Il n’y avait rien à faire, les ordres étaient donnés. Au bout de cinq minutes, nous avons fait nos adieux à notre chère petite, qui pleurait à fendre le cœur. Nous passons à la fouille, où des brutes arrachèrent nos affaires. En fouillant mon sac, l’un deux voit ta photo. Il me demande si j’étais étudiante. Je ne sais pas pour quelle raison, je réponds « oui ». Alors, avec une mine dédaigneuse, il me rend toutes mes photos, disant avec un air cynique : « Puisque vous êtes étudiante, j’ai pitié de vous. » J’aurais pu le gifler.
Ils m’ont laissé le bracelet et la petite broche, c’est à présent, avec les photos et mes souvenirs, tout ce qui me reste de toi. Gardons l’espoir et je crois que notre amour pourra supporter cette épreuve, aussi dure qu’elle soit. Aie confiance, mon chéri, ne m’oublie pas. Je resterai courageuse, en ayant cette certitude.
Je suis contente, malgré tout, qu’Adèle soit avec moi. Mais si j’avais pu lui épargner cette souffrance je l’aurais fait. Nous n’avons pas vu papa, qui est pourtant dans le même train que nous.
Je finis maintenant en disant bonjour à tout le monde.
A toi, mon bien-aimé, je souhaite tout ce qu’il y a de mieux au monde. Tu mérites d’être aimé. Peut-être à bientôt, mon chéri.
Lettre jetée du train par Lisl Gonninger, 18 ans, déportée le 5 août 1942 par le convoi 15.
• Les enfants seuls dans le camp
On été huit et je suis tout seul. On a pris mon père. Ma mère. Mes frères et ma petite sœur. Je reste seule. Je suis tout seul. Je deviens fou. Melle faites-moi faire quelque chose.
Melle je veux savoir quand est-ce qu’on va rejoindre nos parents. Je suis tout seul, j’ai 9 ans ½, je veux savoir.
Melle vous avez pas un peu de purée – Non, pourquoi tu as faim ? - Non, j’ai 8 ans.
Je voudrais écrire pour m’occuper parce que je deviens fou, je ne supporterai jamais ça.
Albert 9 ans 8 ½
Ah ! non, je ne vais pas pleurer parce qu’on me fait une piqûre, qu’est-ce que j’aurais fait alors quand on m’a pris tous mes parents.
Melle, quand c’est on va rejoindre nos mères.
Melle, quand c’est fini la guerre ?
Ces notes ont été prises par Marie-Louise Blondeau, élève assistante sociale, qui effectue son stage de fin d’étude dans le camp de Pithiviers.
On ne sait si on va rester ici. Y en a beaucoup qui disent qu’on va en colonie d’autre disent qu’on va rejoindre les parents, mais on ne parle plus d’aller à Paris dans sa famille, Maman aurait tellement voulu que j’y aille car elle disait qu’au moins si elle ne se sauvait pas, elle nous sauverait et nous aurions pour (plusieurs ?) mois à vivre avec l’argent qu’on a laissé. Mais enfin espérons qu’on te reverra un jour.
Serge, Sarah et Henriette Mleczak, Pithiviers, lettre du 6 août 1942.
A l’infirmerie il n’y a plus que des gosses. No et moi devons assurer les soins nocturnes (…) les enfants sont devenus muets, ne répondant à aucune question. Jamais on ne voit s’épanouir sur leurs figures le plus léger des sourires. Mornes, anéantis, ils se laissent faire, indifférents à ce qui peut encore leur arriver…
Adélaïde Hautval, Médecine et crimes contre l’humanité, éditions du Félin, 2006 (extrait).
• L’arrivée des enfants au camp de Drancy
Et le jour arrive où eux aussi doivent partir tout seuls avec quelques femmes… J’essaie de me représenter l’arrivée des gosses « là-bas » (où au juste ?). Non il n’est pas possible que les enfants retrouvent leurs parents…
Adélaïde Hautval, Médecine et crimes contre l’humanité, éditions du Félin, 2006 (extrait).
On est dans des trains à bestiaux, vous parlez si c’est commode.
On m’a coupé les cheveux, je vous mets une mèche.
On va à Drancy c’est un centre de libération, j’espère ! Nono va venir me rejoindre Bon baisers
Je vous écrirai, Rosette
Donnez des nouvelles à ma tante
Il fait chaud, on étouffe et on n’a pas trop d’eau.
On a eu des pommes de terre du pain confiture fromage et 2 gâteaux.
On est vraiment gâtés pour 1 fois.
Je vous écrirai.
Bons baisers à Jeanine et à tous.
Lettre de Rosette Schkolnik, du train, 15 août 1942.
Des autobus arrivent, nous en sortons des petits êtres dans un état inimaginable. Une nuée d’insectes les environne, ainsi qu’une odeur terrible. Ils ont mis des jours et des nuits pour venir de Pithiviers en wagons plombés ; 90 par wagon avec une femme qui, en général, a deux, trois, quatre gosses à elle dans le tas. Ils ont de 15 mois à 13 ans, leur état de saleté est indescriptible ; les trois quarts sont remplis de plaies suppurantes : impétigo.
Il y aurait tant à faire pour eux, mais nous ne disposons de RIEN, malgré le dévouement incomparable de notre chef de camp, le commandant Kohn. Immédiatement nous organisons des douches. Pour 1000 enfants, nous disposons de 4 serviettes ! Et encore avec difficulté (…) Très vite nous nous rendons compte que tout ce que nous essayons de faire est inutile ; dès que nous remettons à ces petits des effets un peu propres, une heure après ils sont sales. Les médecins les examinent à tour de bras. On leur administre du charbon, on les barbouille tous de mercurochrome.
On voudrait les mettre tous à l’infirmerie ; c’est impossible, ils doivent repartir vers une destination inconnue. Lâchement, nous leur avons dit qu’ils allaient retrouver leurs parents ; et pour cela ils supporteraient tout. Jamais nous n’oublierons les visages de ces enfants ; sans cesse ils défilent devant mes yeux .
Odette Daltroff, internée à Drancy et libérée en 1943.
La réponse à la demande du gouvernement français de déporter aussi les enfants, arrive le 13 août :
CONFIDENTIEL-URGENT
OBJET : TRANSPORT DE JUIFS A AUSCHWITZ – EXPULSION DES LIEUX
EXPULSION DES ENFANTS JUIFS
CONCERNE : RAPPORT LOCAL PAR TELESCRIPTEUR DU 11.8.42 IV J
LES ENFANTS JUIFS PLACES DANS LES CAMPS DE PITHIVIERS ET DE BEAUNE-LA-ROLANDE PEUVENT ETRE PEU A PEU REPARTIS DANS LES TRANSPORTS PREVUS POUR AUSCHWITZ.
ON NE DEVRA EN AUCUN CAS (SOULIGNE) ORGANISER DE TRANSPORTS D’ENFANTS EXCLUSIVEMENT.RHSA [REICHSSICHERHEITSHAUPTAMT.= BUREAU PRINCIPAL DE LA SECURITE DU REICH], SERVICE IV B 4, DOSSIER A,
3 233/41 DOSSIER G
SIGNE P.O. GUENTHER SS-STURMBANNFÜHRER